Booking à l'étranger : Quels véritables enjeux pour les artistes Camerounais? Affaire de gombo où de carrière?
C’est devenu courant chez les artistes de la nouvelle génération musicale camerounaise. « Se faire booker et se produire à l’étranger ». Vivre de la musique par le biais des spectacles locaux n’est pas chose envisageable pour les labels. Lorsqu’on regarde le rapport entre les investissements et les propositions de rémunération des artistes par les promoteurs locaux, l’on constate un fossé réel. D’autant plus que les scènes et spectacles locaux ne sont pas permanents, l’on ne peut pas miser sur un booking local pour se faire des entrées.
Qui sont les clients réguliers des artistes Cameroun sur le plan du spectacle ?
- Les boites de nuit et les snacks
- Les prometteurs d’évènements format culturel (Concerts, festivals…)
- Les promoteurs d’évènement formats entreprise (foires, forum, promotion de marques et produits...)
- Les mini-shows greffés à des évents (Etudiants- Associations – Institutions gouvernementales- Ong …)
Bien sûr, la plupart du temps lors de ces shows, l’aménagement et le dispositif ne sont pas adéquats. L’artiste en général ne fait que des playbacks pour remplir la formalité de son cachet.
Pourquoi les artistes Camerounais vont de plus en plus vers les pays étrangers pour des spectacles?
- La diaspora, un public, une opportunité.
La diaspora Camerounaise manifeste ces dernières années un intérêt très poussé pour la musique locale (Depuis la percée de Lady Ponce). Le public de l’artiste local n’est plus seulement le public territorial. D’ailleurs, grâce à internet, une bonne partie des vues, écoutes et suivis des artistes vient de l’extérieur. La diaspora constitue donc une forte clientèle qui manifeste le besoin d’avoir des artistes pour des showcase.
- La réputation internationale des artistes
Internet, Tace Africa, ou tout autre moyen média de promotion refont la délimitation de la réputation de l’artiste aujourd’hui. L’avantage avec un booking à l’étranger repose sur certains points :
- Un cachet potentiellement plus élevé
- Un meilleur traitement et une meilleure considération de l'artiste
- L’offre d’une large visibilité et la conquête d’un nouveau fan base
- Le retentissement d’un écho favorable auprès des locaux
Où se passent souvent les shows des artistes 237 à l’étranger ?
Il faut bien faire la part des choses, des carrières comme celles de Kareyce Fotso, Charlotte Dipanda, Blick Bassy se sont bâties sur la fédération de publics aux divers horizons. Cela est appuyé par le fait qu’ils aient participé à de nombreux festivals dans le monde. Ils ne jouent pas sur le même terrain que les artistes urbains 237 ou alors ceux du registre Bikutsi. L’on remarque en général que pour cette deuxième tranche les clients et espaces de productions sont les mêmes entités que localement (boites, snacks, associations, « Rarement des festivals dignes du nom», et même parfois des anniversaires et mariages bien payés)
Un constat : Des tournées en Europe, mais jamais au Cameroun
L’on a connu l’année passée la grosse tournée médiatique de Franko en Europe (Suivie de spectacles dans des petits coins) et tout récemment le concert de Charlotte Dipanda à l’Olympia (elle n’a jamais fait un digne du nom au Cameroun). Cette dernière suit le groupe X-maleya qui s'y était produit en 2014 . Stanley Enow s'est surenchérie à tel point qu'en 2015, il n'a presque de spectacles au Cameroun. En 2016 Franko n'a presque pas fait de scènes au Cameroun. Ces derniers temps, les artistes 237 s’exportent de plus en plus, à tel point qu’il est difficile de les booker pour un spectacle sur le sol Camerounais. Dynastie le tigre, Maalhox, Locko, Franko pour ne citer que ceux là ne passeront pas la période estivale de décembre au pays.
Le problème
Bâtir une carrière et construire un modèle économique sur des petits spectacles en Europe n’est pas une solution finale. Elle est juste alternative. Questions : Les labels ont t’ils déjà réussi à asseoir leur respect et leur notoriété localement ? Pourquoi les artistes surfacturent t’ils autant leurs prix sur le sol Camerounais ? Vont t’ils toujours s’exporter pour pouvoir se faire un peu de sous ? Les spectacles à mbeng sont t’ils de meilleures qualité que ceux d’ici ? Qu’est ce que cela leur apportera alors réellement au long terme si l’on parle carrière ?
Brèche de solution
Oui ! quand des artistes prestent sur une scène extérieure, ils gagnent en visibilité, parfois même en notoriété et en relations, mais qu’est qu’ils en font ? On retiendra juste que tel ou tel était de passage. Est t’il après devenu un artiste international digne du nom? Non loin de là. Les mêmes choses recommenceront.
Ma chute reste sur une problématique : celle de l’épanouissement et de l’organisation du secteur musical Camerounais. La mise en place de forums, de networking, de mutualisation, d’organisations pour la régulation, les lobbyings réels portés par une voix commune et non des rangs dispersés comme c’est le cas. Notons aussi que le spectacle est loin d’être le seul ou le meilleur moyen de monétiser sur l’activité musicale. La formation approfondie et la professionnalisation réelle de cette activité sont nécessaires.
« Les artistes Camerounais n’ont pas la culture des festivals. Ils sont habitués pour la plupart à des showcases en playback qui ne les valorisent pas vraiment. Combien sont bookés par an sur des festivals internationaux dignes du nom ? Que font t’ils donc ? Arrangez votre chambre avant d’aller dormir chez les autres. Sinon où dormirez-vous à votre retour ? »
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